Le Fast Fashion

Tous les mardis les chroniques de Solène vous dévoileront des conseils, vous feront découvrir et partageront avec vous l’envers du décor ainsi que l’univers de la maison SOLENE MARTIN.

Qu’est ce que le Fast Fashion ?

Ralph Lauren a dit :

« Je ne crée pas des vêtements, je crée des rêves »


Définition


‘Fast fashion’ est une expression anglo-saxonne utilisée pour désigner le renouvellement, le plus rapide possible, des collections d’articles de la mode vestimentaire.

C’est un mouvement révolutionnaire dans le monde de la mode. Son objectif est de produire et distribuer des collections, sans cesse renouvelées, en un temps record. De deux collection par an, nous sommes passés à six, voire à huit collections avec, pour ZARA, plus de 12 000 vêtements différents produit par an. Le fast fashion est à son apogée grâce à sa nouveauté perpétuelle. En général moins d’un mois s’écoule entre le moment ou le vêtement est dessiné et celui où il se trouve en boutique. Son objectif est d’être à la pointe de la mode avec un petit budget afin d’inciter au maximum au renouvellement de la garde-robe.

Sur le marché économique de la bourse, sans étonnement, les enseignes H&M, ZARA ou encore MANGO rapportent autant que les enseignes haut de gammes. 

 


Pourquoi le fast fashion plait-il autant ?


 

* Il devient facile de suivre les tendances vues lors des défilés de mode

 Les marques de fast fashion ont de nombreux stylistes qui scrutent tous les défilés de mode pour y voir les tendances qui plairont dans les prochains mois. Ils regardent également les vêtements des autres marques et des créateurs et copient les modèles qui marchent pour les revendre quelques semaines après en magasin. Si une tendance née dans la rue et prend de l’ampleur, les stylistes réagissent rapidement pour alimenter au plus vite cette tendance.

Même si ce mode de création ne plait pas aux créateurs et marques de luxe, certaines jouent pourtant le jeu jusqu’à collaborer avec des marques de fast-fashion. Et les clients adorent ! Par exemple, la collection capsule BALMAIN pour H&M en 2015 s’est vendue en quelques minutes. Malgré la qualité, certains prix de la collection montaient jusqu’à 500€ !

Balmain-et-h&m mode femme ParisBalmain et H&M

 

* Des vêtements a prix bas

Pour répondre au plus vite aux tendances, il faut pouvoir fabriquer vite. Cela implique, lors du processus de création, de dessiner des vêtements simples qui seront faciles à mettre au point afin de ne pas perdre de temps. Et plus un modèle est simple à coudre et moins il coûte cher. Parfois même, il suffit de reprendre un modèle déjà existant ou vendu dans une ancienne collection puis de changer le tissu pour gagner encore plus de temps ! Cela est courant si la tendance se trouve dans le tissu (couleur, pois, imprimé ananas,…).

Il faut ensuite utiliser des tissus rapides à fabriquer comme du jersey, de la popeline de coton ou du satin de polyester. Ce ne sont pas des tissus raffinés ou recherchés (comme du crêpe de soie ou du jacquard de coton) car cela coûterait trop cher !

Enfin, les vêtements sont fabriqués dans des pays ou le coût de la main d’oeuvre est faible et où le nombre de vêtement fabriqué à l’heure est le plus élevé. De plus, les vêtements sont fabriqués en très grande quantité afin d’assurer la présence du vêtement dans chaque magasin du monde. Et plus le nombre d’un même vêtement est élevé et plus son coût diminue.

* Il y a du choix

Il faut plaire à tout le monde et donc proposer un maximum de vêtements dans des coupes, des longueurs, des coloris, des détails ou des tissus différents. Cela oblige à avoir un large choix en stock.

vetements couleurs mode femmePhoto Avant Cap

Le fast fashion est également très présent sur le digital, nous pouvons y retrouver des marques comme ASOS ou encore MISSGUIDED. La conception/production de ses sites est accélérée (4 semaine pour ASOS contre 7 semaine pour ZARA). Le digital a été très vite adopté par les jeunes client(e)s qui apprécient le fait d’avoir un large choix de vêtement tendances qui peuvent acheter et recevoir à domicile sans avoir besoin de se déplacer.

Il suffit de faire un tour rapide sur les sites des différentes marques pour trouver, à tous les coups, LA robe qu’il vous faut !

 


Les conséquences qui dérangent


* La copie des créateurs

Le fast fashion est une mode éphémère qui propose des collections totalement inspirées des défilés haute couture.  Les tendances changent vite. Il faut coller au plus près des tendances pour vendre plus.

Dès la fin de chaque fashion week, les tendances vues lors de défilés sont déjà entrain d’être mises en forme sur des vêtements dans des usines à l’autre bout de la planète.

Certaines marques en profite pour copier un vêtement vu lors d’un défilé ou en boutique (même forme, même tissu) mais avec un ou deux détails différents (longueur de manches, style de boutons,…) qui permet de ne pas avoir être accusé de copieur.

Que devient la créativité s’il ne reste que la copie pour vendre?

 

* Le sentiment de devoir absolument appartenir à un groupe

Les marques de fast fashion arrivent à se rendre indispensables afin d’écouler leurs énormes stocks. Il faut être à la mode et donc il faut acheter chez eux.

Or, on prend le risque de retrouver la même robe sur plusieurs femmes dans la rue, comme un uniforme où la personnalité n’a pas lieu d’être car tout le monde est habillé pareil.

Mais cela développe aussi le sentiment d’exclusion si tu n’es pas à la mode. Et cela peut être terrible notamment chez les adolescentes qui se construisent car elles ont besoin de sentir intégrée et apprécié pour ce qu’elles sont.

Le fast fashion développe un sentiment ‘d’avoir’ et non ‘d’être’ ou l’apparence prend le dessus sur la personnalité. Nous nous jugeons sur notre façon de nous habiller.

 

* Une production et une consommation de masse

Comme dit plus haut, plus le nombre de pièces par modèle est important et moins le vêtement coûte cher. La marque produise donc en grande quantité. Les vêtements sont disponibles en grande quantité en boutique.

Avec ce mode de production et de prix bas, nous avons pris l’habitude de consommer en abondance. Nous achetons sans vraiment réfléchir, pour portons le vêtement une fois puis nous le laissons dans le placard avant de le jeter quelques années après. Parfois même, on ne le met jamais !

Décharge de vêtements mode femme parisPhoto www.hopaal.com

 

Il existe un nombre important d’e-shop où trouver des vêtements tendances à petits prix. On commande uns ou plusieurs pièces, la coupe ou la taille n’est pas bonne, mais comme on a la flemme de renvoyer, on va le(s) garder dans notre placard !

Vous avez vu partout cette nouvelle tendance. Dans la rue, sur Instagram, dans les magazines,… Vous ne pouvez pas y échapper ! En passant devant une boutique, vous repérez un vêtement correspondant parfaitement à cette mode actuelle. Vous craquez! La coupe pas top mais vous avez AB-SO-LU-MENT besoin de ce t-shirt jaune avec des fleurs de toutes les couleurs dessus parce que c’est pile dans la tendance! Dommage, vous le mettrez deux fois puis trouverez que la coupe est difforme ou tout simplement que la tendance est passée et que c’est has-been de le porter encore. Allez, au placard !

 

* Des vêtements non-qualitatifs

Les vêtements sont fait généralement dans des tissus en plastique qui ne font pas respirer la peau. Les fabricants de tissus utilisent beaucoup de produits chimiques que l’on peut retrouver sur nous (est-ce que vous laver vraiment tous vos vêtements avant de les porter? Et sont-ils vraiment propres de tout produit dangereux après lavage?).

En effet pour le fast fashion il faut toujours aller plus vite, fabriquer les tissus plus vite, les teindre avec les produits dangereux rapidement et y rajouter des produits qui permettent aux couleurs de se fixer plus vite, au tissu de sécher plus vite, aux vêtements de ne pas pourrir lors du transport,… L’utilisation de ces produits a des conséquences sur notre santé. Certains créent de graves brûlures, d’autres ne font rien en apparence mais peut-être que dans quelques années nous découvriront qu’ils sont la cause de maladies.

 

* Un environnement qui souffre

En dépit de son succès, n’oublions pas de rappeler que l’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde et que, plus particulièrement, le fast fashion produit de nombreux produits chimiques non dégradables.

Si l’on revient à la base d’un vêtement, le fil qui permet de fabriquer le tissu, dans quelles conditions est-il créé? Il faut plus de 5 200 litres d’eau pour récolter 1 kg de coton. En Asie Centrale, cette culture a asséché et fait disparaître la mer d’Aral. De plus, le coton est fragile et doit donc recevoir en grande quantité engrais et pesticides. En Inde, sur une saison, un producteur de coton va souffrir en moyenne de trois cas d’intoxication aux pesticides. 

La fibre de coton est ensuite blanchie au chlore pour obtenir des t-shirts bien blancs ! Le chlore favorise l’apparition de mutations génétiques. Puis la fibre est teintée à l’aide de métaux lourds comme le plomb et le chrome. Tous ces produits sont très toxiques.

Ces produits toxiques sont ensuite déversés dans les rivières et peuvent atteindre les nappes phréatiques. Car la majorité des usines textiles ne traitent pas ce qu’ils rejettent dans la nature. Nous connaissons maintenant les conséquences, la faune et la flore qui sont quasiment inexistants dans ces rivières. Mais dans certains pays, ces rivières sont une source d’eau pour les habitants des environs qui cuisinent ou se lavent avec.

A noter que le polyester n’est pas tout rose non plus car il faut 1,5 kg de pétrole pour fabriquer 1 kg de polyester (=plastique!)… Et lorsque nous lavons nos vêtements en polyester à la machine, des microparticules se détachent et partent dans les eaux usées. Trop fines pour être filtrées, ces microparticules sont rejetées à l’océan et viennent grossir le continent de plastique découvert entre l’Asie et l’Amérique.

Certaines fibres textiles, comme le polyester, sont difficiles à recycler. Les vêtements finissent souvent dans des décharges et mettent des décennies à se décomposer. Ils peuvent être incinérés mais cela engendre le dégagement d’une grande quantité de CO2 dans l’atmosphère, accentuant le phénomène du réchauffement climatique.

Comme il faut toujours aller plus vite, le transport doit être rapide. Ce sont des milliers d’avions qui transportent ces vêtements et l’on sait bien que ce n’est pas écologique.

Et l’on ne compte pas le nombre d’arbres coupés pour les cartons d’emballage…

 

* Des conditions de fabrication inhumaines

Dans certains pays, les conditions de travail sont déplorables. Les ouvriers manipulent des produits dangereux. Ils sacrifient leur santé pour quelques euros par jours. Certains doivent travailler plus de 12 heures par jour et dorment parfois à même le sol de l’usine. Et malheureusement, certaines usines profitent de la misère du pays pour faire travailler les enfants dès 6 ans. Au Bangladesh, 50% des enfants âgés de 14 ans travaillent. Les deux tiers des filles travaillent dans les usines textiles. Certaines font jusqu’à 64 heures de travail par semaine. (sources: rapport de l’ODI de décembre 2016). Ce qui est triste c’est que ce pays a besoin de ces enfants pour se développer et que l’industrie textile pèse très lourd dans le PBI du pays.

Photo-accueil mode femme parisPhoto www.hopaal.com

En avril 2013, le tragique effondrement d’un immeuble du secteur textile au Bangladesh, le Rana Plaza, avait fait 1 127 morts, jetant la lumière sur les conditions de travail déplorables des employés de cette industrie. Cet immeuble comportait plusieurs usines travaillant en sous-traitance non déclarée pour des marques internationales de fast fashion comme Mango ou Primark. Le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial de vêtements derrière la Chine. Les conditions de travail et les normes de sécurité dans cette industrie sont dénoncées depuis des années par les ONG.

Depuis plus de trente ans, des organisations internationales souhaitent arrêter cet esclavage d’enfants en faisant prendre conciense aux grands gloupes de textiles que c’était à eux de bien choisir les usines qui fabriquent leurs vêtements  en vérifiant qu’elles n’exploitent pas d’enfants. Mais dans les faits, c’est difficile de contrôler cela. Une usine exemple peut être parfaite en tout point mais peut en cacher dix autres abominables. Ou il arrive fréquemment que les vêtements soient fabriqués par une autre usine que celle contrôlée, on dit que le travail est sous-traité. Parfois, les marques ne sont pas au courant de cette sous-traitance, comme cela à été le cas pour le Rana Plaza. Comment connaitre les conditions de travail de cette deuxième usine sachant qu’un travail sous-traité est généralement caché aux clients, donc aux grands groupes?

Rana-Plaza mode femmePhoto : FashionUnited

 


Je ne veux pas être alarmiste ni dire qu’acheter des vêtements c’est mal. Sinon je ne serai pas créatrice. Je souhaite simplement que tout le monde puisse faire son shopping en toute connaissance de cause.

Si l’on ne pense qu’à soi, le fast-fashion est bien! Ce n’est pas cher, c’est tendance, on a une raison d’aller régulièrement faire du shopping entre amies, on se prend en photo avec et on publie sur les réseaux sociaux.

Si l’on pense à notre santé, à l’environnement ou aux conditions humaines, il faut fuir ce mode de consommation!

 

La semaine prochaine, je vous donnerai des astuces pour éviter les nombreux pièges du fast fashion !

 


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Mesdames, n’oubliez pas, soyez féminines, soyez remarquables !

Solène Martin.